D’une ombre…

À Mademoiselle K.
 
Ô triste, triste était mon âme
À cause, à cause d’une femme.
Paul Verlaine.


D’une ombre esseulée naquit le désir,
Dans le creux de ses bras, je voulus tant me blottir.
Comme la fleur induit les parfums,
Son cœur fit tressaillir et prit le mien.

Une femme, jadis, me nourrit au sein,
Grandi, saisi, je me nourris des siens.

Comme l’aimant agit sur la boussole,
Elle me trouble et je n’ai plus de repère.
Je bafouille, suppose ou m’affole,
Je ne reconnais plus le ciel, ni même la terre.

Si aimer est un crime,
Qu’on me condamne sans procès,
Qu’on me porte une guillotine,
Je veux être victime et juge et couperet.

Au jeu de l’Amour, il n’est pas de faute que l’on ne pardonne,
Au pays des sourds, il n’est pas de canons qui résonnent.

D’une ritournelle où ne reste qu’un refrain,
Je chante et danse jusqu’au petit matin.
Des querelles inutiles aux mémoires appauvries,
Je le retiens, je le porte, je le crie.

Haut et fort, contre vents et marées,
Contre tout confort.

Tout s’efface autour de moi,
Ne restent que les tourments.
Comme au fond d’un sable émouvant,
Plus je me débats, plus je me noie.

D’une ombre au silence, des heures d’absence,
Écoutant le souffle court du désespoir,
Celui qui donne sans réfléchir,
Sans attendre un revenir ;

Celui qui berce nos mémoires,
Que l’on trahit, passé le soir ;

Des douces pensées qui font rougir,
Et parfois même rire ; D’une illusion perdue,
Où même les doutes ne me grandissent plus,
Je reviendrai, pour te voir vieillir…

À mes côtés :
Tendresse, caresses et volupté.

Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu !
Alphonse de Lamartine.

© Mickael Corvaisier - Août 2002